Entretenir des tomates : la checklist ultime en 7 étapes

Entre la taille des gourmands, les maladies à gérer ou le tuteurage, il y'a de quoi s'arracher les cheveux !

Les tomates sont un peu comme les divas sur scène.

Elles ont besoin de beaucoup d'attention pour exprimer tout leur potentiel.

Malheureusement, entre la taille des gourmands, la fertilisation ou la lutte contre le mildiou, il y'a vraiment de quoi s'arracher les cheveux !

Surtout lorsqu'on débute.

Mais pas de panique.

Dans cet article, je partage avec vous la checklist ultime de l'entretien des tomates.

Elle est divisée en 7 étapes et se base sur le livre best-seller "Epic Tomatoes" de l'expert international des tomates, Craig Lehouiller.

C'est donc du très haut niveau !

En suivant à la lettre cette checklist, non seulement vous éviterez 95 % des problèmes, mais votre rêve d'autonomie en tomate sera plus que jamais à portée de sécateur.

Alors, si cela vous intéresse, prenez une boisson chaude et de quoi noter.

C'est parti !

Étape 1 : Pailler généreusement

Le paillage est souvent le héros méconnu du jardin.

Pourtant, une bonne couche de 2 à 5 cm apportera de nombreux avantages : 

  • Protéger le sol du dessèchement (économies d'eau).
  • Éviter l'érosion du sol.
  • Contrôler la prolifération des "mauvaises herbes".
  • Prévenir les maladies.

En ce qui concerne les tomates, le dernier avantage est le plus important, car elles sont très sensibles aux maladies provenant du sol (transmises par des éclaboussures).

En déposant une épaisse couche de paillage sur le sol, vous allez piéger les bactéries et virus qui y vivent.

De cette façon, vous réduirez drastiquement les risques de contamination.

Rien de tel que 2 à 5 cm de paillage pour empêcher les maladies d'atteindre vos précieuses tomates.

Autre avantage lorsque vous utilisez un paillage (organique), c'est qu'il se décompose et nourrit votre sol au fil du temps - un petit bonus pour la croissance de vos tomates.

Alors, si vous voulez tendre vers l'autonomie en tomate dès cet été, ne négligez surtout pas cette étape !

Entretien des tomates : La Checklist Ultime

Découvrez les 7 étapes clés à suivre pour éviter 95% des problèmes liés à la culture des tomates et tendre vers l'autonomie dès cet été

Étape 2 : Tuteurer vos tomates

La plupart des variétés de tomates nécessitent un support adapté pour grandir correctement et donner des récoltes abondantes.

Mais, pourquoi tuteurer ? Quel est le meilleur support pour tuteurer ses tomates ?

C'est ce que nous allons voir dans les prochains paragraphes.

Les 3 (précieux) avantages du tuteurage

Tout d'abord, il permet de maintenir le feuillage en hauteur et de réduire les risques de maladie.

Associé au paillage, vos tomates sont quasiment assurées d'être épargnées par les maladies.

Ensuite, le paillage protège les tomates de certains ravageurs.

En effet, lorsque le feuillage est surélevé, il est protégé des limaces, des lapins et autres envahisseurs du jardin.

Enfin, une tomate tuteurée utilise moins d'espace au potager.

De cette façon, vous pouvez utiliser au mieux la surface disponible pour la culture d'autres plantes. 

Un support adapté à chaque tomate

La croissance et la vigueur des tomates varient considérablement d'une variété à l'autre.

Cependant, on peut les diviser en deux grandes catégories :

  • Les variétés à croissance indéterminée, limitée uniquement par des facteurs environnementaux (surtout le gel).
  • Les variétés à croissance déterminée, limitée par des facteurs génétiques propres à chaque variété (1m50 de haut, 1m50 de large, en moyenne).

Selon la catégorie, le support à fournir sera plus ou moins robuste (et grand).

Dans le cas des tomates indéterminées, un tuteur robuste et de grande taille sera vivement recommandé.

Alors que dans le second cas, les variétés déterminée, un support de plus petite taille pourra être envisagé.

Cependant, ces variétés donnent tous leurs fruits sur une courte période et cela peut exercer un stress important sur les branches de la plante.

D'où l'intérêt d'un support robuste pour les variétés déterminées également.

Le meilleur support à tomate, selon moi

Honnêtement, j'ai eu du mal à trouver le bon support pendant des années.

Mais un beau jour, en regardant une célèbre émission de jardinage (Growing a Greener World), je l'ai enfin trouvé :

"La cage à tomate en treillis à béton (maille de 20cm x 20cm)"

Ces cages sont solides, faciles à déplacer, faciles à stocker et dureront des décennies.

En plus, c'est un projet de bricolage facile et peu coûteux.

 Je vous invite donc à regarder la vidéo "Tutoriel" ci-dessous et à vous lancer :

Pour les tomates naines ou déterminées (Roma ou Taxi par exemple), les tuteurs ondulés des jardineries peuvent suffire, mais ce n'est pas garanti sur facture ...

Autre option (ma préférée), utiliser une cage spécifique pour les variétés naines ou déterminées.

Vous trouverez un exemple dans la vidéo ci-dessous :

Étape 3 : Tailler les gourmands 

Dans le monde du jardinage, il y'a beaucoup d'idées reçues.

Et les tomates ne font pas exception.

Par exemple, on pense souvent que la suppression des gourmands permet à la plante de concentrer son énergie sur la production de tomates.

Et donc, d'obtenir de plus belles récoltes.

Mais en réalité, l'élimination des gourmands vise avant tout à gérer la croissance de la plante et non à augmenter la quantité de tomates récoltées.

Un gourmand est une nouvelle tige qui se développe entre la tige principale et une tige de feuille. Cette zone est appelée "aisselle" de la feuille. 

Mais du coup, faut-il tailler les gourmands ou pas ? 

Tailler ou ne pas tailler : telle est la question

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, avoir plus de gourmands peut être une bonne chose.

En effet, comme un gourmand produira à terme un autre gourmand, au fur et à mesure qu'ils se développent et sont laissés sur la plante, le potentiel de fructification se multiplie de manière exponentielle.

Mais attention !

Cette croissance incontrôlée prend aussi beaucoup plus de place et peut empêcher la lumière et l'air d'atteindre le cœur de la plante.

Et dans ce cas, attention aux maladies.

À l'opposé, supprimer tous les gourmands n'est pas la solution, car cela implique également moins de photosynthèse.

Et par conséquent, des fruits moins nombreux et savoureux.

Ainsi, la taille des gourmands est avant tout une histoire de compromis, de préférences personnelles et d'expérimentations.

La taille des gourmands, c'est une question de préférences personnelles et d'expérimentation.

Par exemple, Craig Lehouiller, taille ses variétés indéterminées de manière à ce qu'il ne reste que 4 ou 5 gourmands.

En revanche, il laisse TOUS les gourmands sur les tomates cerises et variétés determinées.

Comment tailler les gourmands ?

Bonne question.

Tant qu'ils sont jeunes - jusqu'à environ 15 cm de long - vous pouvez simplement casser les gourmands à l'endroit où ils rejoignent la tige principale.

Bonus : vous pouvez utiliser ces gourmands pour produire de nouvelles plantes en les plaçant dans un verre d'eau pour qu'ils s'enracinent.

Vous pouvez également placer le gourmand directement dans le sol et maintenir la zone humide.

Après quelques semaines, il aura pris racine et donnera un nouveau plant de tomate identique à la plante mère sur le plan génétique.

Étape 4 : Attention à l'arrosage 

Soyez attentif, car ce qui va suivre est très important !

Un bon arrosage peut faire ou défaire votre saison de tomates.

En effet, si l'on considère qu'une tomate est remplie à 95 % d'eau, il devient évident que la quantité d'eau disponible pendant la croissance est essentielle.

Voici quelques conseils pour fournir à vos tomates un arrosage adéquat.

Vive le goutte à goutte !

La meilleure solution pour fournir l'eau nécessaire à vos tomates consiste à utiliser un tuyau poreux ou un système d'irrigation goutte à goutte relié à une minuterie automatique.

Ces deux méthodes permettent d'obtenir un taux d'humidité constant et d'économiser du temps et de l'énergie.

Important : un sol humide ne veut pas dire détrempé !

Bonus : une vidéo qui peut vous aider à installer votre propre système d'arrosage.

La manière d'arroser est aussi importante que la quantité d'eau apportée

Surtout, ne faites jamais ça !

N’arrosez jamais le feuillage des tomates.

En effet, il existe de nombreuses maladies en suspension dans l’air pouvant se développer sur un feuillage humide. 

Et si cela arrive, vos rêves d'autonomie en tomate seront réduits en poussière !

Cependant, si vous n’avez pas le choix, assurez-vous d'arroser tôt le matin afin de laisser au feuillage plus de temps pour sécher.

Gardez tout de même à l'esprit que malgré tous vos efforts, il suffit d'une forte humidité ou d'un orage pour que ces mêmes maladies se développent sur le feuillage.

Il est donc important d'être proactif et de surveiller régulièrement vos plantes.

Nous approfondirons cette notion plus tard, mais pour l'instant passons à l'étape suivante : la fertilisation.

Étape 5 : Bien nourrir vos tomates

Les tomates poussent souvent plus vite que les autres plantes, tout en produisant des fleurs et des fruits en plus grande quantité.

Ce n'est donc pas étonnant qu'elles soient plus gourmandes. 

Eh oui, tout ce travail demande de l'énergie (beaucoup d'énergie) !

Comment bien nourrir vos tomates ?

D'après mon expérience, je vous conseille de donner à vos tomates un complément d'engrais organiques (émulsion de poisson, corne broyée ou sang séché) plusieurs fois dans la saison.

La fréquence dépendra de la façon dont elles sont cultivées.

Par exemple, les plantes cultivées en conteneurs ou en pots devront être nourries plus régulièrement - une fois par semaine semble être une bonne pratique d'après mon expérience.

En revanche, les tomates cultivées dans un bac surélevé ou en pleine terre ne nécessiteront que deux ou trois apports au cours de la saison, car l'eau n'élimine pas aussi rapidement les nutriments dans ce cas.

Coquilles d'oeufs et autres "hacks"

Chaque année, au moment de planter les premières tomates, on me pose TOUJOURS la même question :

"Dis Lucas, j'ai vu sur YouTube (ou TikTok) qu'il fallait ajouter des coquilles d'œufs au fond du trou pour éviter la maladie du cul noir et les carences en calcium. C'est vrai ?"

Et ma réponse est toujours la même :

Non, cela ne sert strictement à rien ! C'est une légende urbaine.

Comment entretenir les tomates en arrosant correctement

Voici un bel exemple de pourriture apicale, aussi appelé cul noir de la tomate. Certes, elle est causée par une carence en calcium, mais les coquilles d'œufs ne seront d'aucune utilité.

Alors, certes la pourriture apicale (cul noir de la tomate), EST causée par une carence en calcium, mais pas de la manière dont la plupart des gens le croient.

Eh oui, la carence (et donc la maladie) est en fait due à un mauvais transport du calcium jusqu'au fruit.

Et selon vous, qu'est-ce qui est censé transporter le calcium dans la plante ? 

L'eau, pardi !

Mais rassurez-vous.

Si vous suivez mes conseils de l'étape 4 (irrigation goutte à goutte), vous n'aurez pas ce problème.

Étape 6 : Surveiller les maladies

Ce n'est pas un secret, les tomates sont très sensibles aux maladies.

Cependant, une surveillance régulière permettra de détecter les premiers symptômes et d'éviter les drames.

Alors, soyez particulièrement attentif aux feuilles du bas et à la partie opposée au soleil, car ce sont les premières zones touchées

Quelques maladies à surveiller

Si vous souhaitez tendre vers l'autonomie en tomate, vous devez surveiller ces maladies  :

Feuille de tomate avec une septoriose

Pour identifier facilement toutes les maladies de la tomate, je vous conseille ce site qui est régulièrement mis à jour par les ingénieurs de l'INRAE.

Vous pouvez également consulter celui-ci en complément.

Résistance et tolérance aux maladies

La sensibilité aux maladies varie considérablement selon les variétés.

Par exemple, la Brandywine (une variété ancienne), est particulièrement sensible à la fusariose vasculaire.

Alors que d'autres variétés sont tolérantes ou résistantes à toutes sortes de maladies.

C'est le cas de la variété Bush Early Girl qui porte la mention V,F,N,T - ce qui signifie qu'elle a été sélectionnée pour être résistante à la Verticiliose (V), la Fusarioise (F), à la Mosaïque de la tomate (T) et aux nématodes (N).

Attention, l'absence de ces lettres ne signifie pas qu'une variété n'est pas résistante ou tolérante. 

Non, cela veut plutôt dire qu'elle n'a jamais été testée contre ces maladies.

Un bel exemple de fusariose vasculaire sur une Brandywine. On distingue nettement les feuilles du bas qui jaunissent et flétrissent.

Quoi qu'il en soit, garder à l'esprit que les garanties n'existent pas dans le jardinage.

En effet, les maladies des plantes sont comme la grippe ou le COVID : elles évoluent pour devancer la capacité des scientifiques à trouver un remède.

Ainsi, un indicateur de "résistance" ou de "tolérance" ne garantit pas que votre plante ne sera jamais victime de cette maladie un jour ou l'autre. 

Cependant, cela diminue grandement le risque, surtout si vous avez déjà été confronté à l'une de ces maladies dans votre potager.

Observer, noter et expérimenter

Voici une information importante à intégrer dans votre gestion et surveillance des maladies.

Les niveaux de maladie peuvent être différents d'un bout à l'autre de votre potager.

Par exemple, vous pouvez avoir de beaux résultats en cultivant une Coeur de Boeuf à un endroit précis de votre potager, mais être continuellement confronté à des maladies en la plantant à un autre endroit.

Lorsque cela arrive, il est essentiel de prendre des notes et d'experimenter de nouveaux emplacements et d'autres variétés.

Il en existe des centaines - explorez-en de nouvelles chaque année pour trouver celles qui fonctionnent le mieux avec VOTRE sol (et ses habitants).

Avant de passer à l'étape suivante, parlons brièvement de rotation de culture.

Sachez que ce n'est pas obligatoire.

En effet, si vos tomates Coeur de Boeuf sont saines au même endroit année après année, ne ressentez pas le besoin de les changer de place.

En revanche, si vous perdez sans cesse des plantes à un endroit, essayez en un autre l'année suivante, ou optez pour des pots.

Étape 7 : Agir rapidement (ninja) !

Aïe !

Vos plantes sont malades ou ont des problèmes de pollinisation.

Pas de panique.

Si vous agissez rapidement et efficacement, tout ira bien.

Alors, passez en mode ninja !

Que faire en cas de maladie ?

Agir rapidement, c'est sympa, mais concrètement que faut-il faire ?

Dans la majorité des cas, l'élimination de la partie infectée ou des parasites visibles est la meilleure option.

Certes, cela n'arrêtera peut-être pas la maladie, mais ça ralentira la progression.

Malheureusement, dans certains cas, la suppression de toute la plante est inévitable.

Exemple.

Si une tomate développe une fusariose ou un mildiou, arrachez-la avant qu'elle ne propage la maladie à ses voisines.

Enfin, n'ajoutez jamais de matériel végétal malade à votre tas de compost - éliminez-le et faites-le disparaître de votre jardin.

Ciao !

Des fleurs, mais pas de fruits ?

Les fleurs de tomates peuvent être étonnamment sensibles à de mauvaises conditions de pollinisation. 

Par exemple, si le temps est particulièrement chaud ou humide, cela peut faire échouer la pollinisation.

Dans ce cas, il vous faudra peut-être simplement faire preuve de patience.

Car au fil de la saison, les nouvelles fleurs qui se développent peuvent fleurir à un moment plus favorable pour la pollinisation.

Mais que faire si le problème persiste ?

Lorsque Craig Lehouiller observe ce phénomène sur ses plantes, il tapote doucement la tige de la fleur.

Ce léger tapotement peut aider à déplacer le pollen et améliorer les chances de fructification.

On attribue à Craig le développement de nombreuses nouvelles variétés, notamment Cherokee Purple et Lucky Cross. Ici, il utilise un tapotement léger pour collecter le pollen en vue du développement d'une nouvelle variété. (photo : Craig LeHoullier)

À vous de jouer !

Ouf ! 

Qui aurait cru qu'entretenir des tomates pouvait être aussi complexe, n'est-ce pas ?

Mais bon, c'est cette complexité qui fait toute la beauté de cette culture.

Pour résumer, voici mes deux meilleurs conseils pour entretenir vos tomates comme un pro : (1) suivez les 7 étapes de la Checklist et surtout (2) expérimentez sans cesse !

Si quelque chose ne fonctionne pas bien malgré vos efforts assidus, ne le considérez pas comme un échec. 

Au contraire, documentez votre expérience et essayez une autre variété et/ou une autre méthode la saison suivante.

Vous trouverez ce qui fonctionne le mieux pour vous et votre sol, je vous le garantis !

Voilà, désormais, vous avez toutes les cartes en main pour tendre vers l'autonomie en tomate cet été.

Alors. Maintenant. Il ne vous reste plus qu'à passer à l'action. À vous de jouer !

Quels sont vos principaux problèmes avec vos tomates ?  

Dites-moi tout en commentaire !

Et comme toujours, si vous pensez que cet article peut aider d'autres jardiniers proches de vous, partagez-le sur les réseaux sociaux.

À propos de l'auteur

Ingénieur agronome spécialisé en entomologie et passionné de jardinage depuis tout petit, je partage avec vous mon savoir-faire dans la conception d'un potager productif, facile d'entretien et favorable à la biodiversité.

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