Laissez-moi deviner.
Vous rêvez d'autonomie alimentaire, mais le sol de votre potager est loin d’être idéal ?
Bienvenue au club !
J’étais exactement dans la même situation en 2012, lorsque j'ai démarré mon premier potager.
Dans mon cas, le sol était lourd et très argileux.
Un vrai cauchemard !
Heureusement, cette même année, au détour d'un cours d'agronomie, j'ai découvert une méthode simple pour transformer un sol ingrat en véritable machine à produire des fruits et légumes.
Et tout ça en étant novice dans le monde du jardinage.
Comment je m'y suis pris ? Quelle est cette mystérieuse méthode ?
C'est ce que nous allons voir ensemble dans cet article.
En mode, étape par étape.
À la fin, non seulement vous connaitrez l’ingrédient n°1 pour améliorer n'importe quel sol (même les plus difficiles), mais également l'étape à ne surtout pas négliger pour avoir des récoltes abondantes sur le long terme.
Cela vous intéresse ?
Alors, installez-vous confortablement, prenez une boisson chaude et c'est parti !
Étape 1 : Analyser votre sol comme le Dr House
En y réfléchissant bien, améliorer le sol d’un potager c’est un peu comme un épisode de Dr House.
Vous êtes le médecin. Votre sol est le patient.
Et l’énigme à résoudre est comment transformer un sol ingrat en machine à produire des fruits et légumes.
Tout comme dans la série, il va falloir poser le bon diagnostic pour espérer résoudre l'énigme.
Mais par où commencer ? Inspirons-nous de la série pour trouver l’inspiration.
Que ferez le Dr House pour diagnostiquer le « mal » étrange qui ronge le sol de votre potager ?
Réponse : il va l’observer attentivement et ensuite réaliser une batterie d’examens.
Nous allons utiliser la même démarche pour poser un diagnostic solide sur l’état de votre sol et trouver des solutions pour le "guérir" ( c'est a dire, le rendre plus fertile).
Allez, voyons cela plus en détail.
1-Observer attentivement votre potager
Avec un minimum d’observation et quelques connaissances de base, il est possible d’apprendre de nombreuses choses sur votre sol.
La texture de votre sol
Quelle est la structure de votre sol ? Est-il plutôt argileux, limoneux ou sableux ?
Pour le savoir rapidement, il existe deux tests simples.
Celui de la « bouteille » et celui du « boudin ».
Je vous mets juste en dessous deux vidéos qui vous expliquent comment réaliser ces tests :
Les plantes bio-indicatrices
Autre chose ultra importante à observer, les végétaux qui poussent naturellement dans votre potager.
Pourquoi c’est important ?
Car certaines plantes peuvent vous donner des indices sur les caractéristiques de votre sol.
C’est ce qu’on appelle des plantes bio-indicatrices.
Par exemple, une grande quantité de pâquerettes ou de petites oseilles est caractéristique d’un sol argileux et acide.
Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille de regarder cette courte vidéo et de télécharger les deux mini-guides ci-dessous :
En bonus, voici 3 outils très utiles pour identifier plus facilement ces plantes bio-indicatrices :
Voilà pour la partie observation.
Avec ça, vous devrez déjà avoir un premier diagnostic sur la texture, la structure, le pH approximatif ou encore la richesse en nutriments de votre sol.
Passons à la seconde partie.
2-Affiner le diagnostic grâce à un laboratoire spécialisé
Maintenant que vous en savez un peu plus sur votre sol, il est temps de passer au niveau supérieur et d’enrichir ou confirmer le premier diagnostic visuel.
C’est le moment de faire analyser un échantillon de votre sol par un laboratoire spécialisé.
Certes, c'est un petit investissement (39.90 euros pour le service que j’utilise), mais honnêtement si vous débutez un potager, ne pas le faire serait une véritable erreur.
Pourquoi ?
Car cette analyse poussée vous fournira des informations précises et fiables sur des paramètres clés tels que le pourcentage de matière organique totale, la quantité d’azote, ou encore la valeur exacte du pH.
Ce qui est strictement impossible avec une simple observation.
Personnellement, j'utilise le service Terrabox du laboratoire Capinov pour analyser mon sol.
Je n'ai jamais été déçu.
C’est bon marché (39,90 euros), le rapport est complet, simple à lire et accompagné de suggestions pour améliorer la fertilité de votre sol.
Si cela vous intéresse, voici une vidéo expliquant comment ce service fonctionne :
Voilà, nous avons terminé l'analyse de sol à la Dr House.
Normalement, vous avez pu diagnostiquer sans soucis les problèmes de votre sol et les retours d’analyse du laboratoire vous ont fourni de solides pistes pour améliorer sa fertilité.
Avant de poursuivre notre aventure et de passer à l’étape n°2 de la méthode, j’aimerais que l’on s’attarde un peu sur un point très important, le pH de votre sol.
3-Pourquoi le pH de votre sol est si important ?
Car, même si votre sol est suffisamment riche en nutriments (et matières organiques), si le pH n’est pas équilibré, certains de ces nutriments seront chimiquement indisponibles pour les plantes.
Ceci conduira à des carences et par conséquent à une baisse de productivité, mais également à une augmentation de la sensibilité aux maladies.
Voilà pourquoi, il est si important de le connaitre avec précision et de l’ajuster en fonction des plantes que vous souhaitez cultiver.
Pour vous aider, j'ai synthétisé dans un tableau les valeurs minimum et maximum recommandées pour 59 fruits, légumes et aromatiques.
Voici ce tableau :
Étape 2 : Ajouter l'ingrédient magique
C'est simple, que ce soit pour améliorer la structure d'un sol, accroitre la disponibilité de l'eau ou encore augmenter les rendements, la matière organique est l'ingrédient numéro 1.
C'est le fameux ingrédient magique.
Et ce n'est pas moi qui le dis, mais de nombreuses études menées depuis des décennies par les chercheurs du monde entier (Robertson et al., 2014; Libohova et al., 2018; Oldfield et al., 2018; Jensen et al.,2019; Lal, 2020; Oldfield et al., 2022).
1-Qu'est ce que la matière organique ?
Avant de poursuivre, je vais préciser une chose importante : il n'existe pas UNE, mais PLUSIEURS matières organiques (M.O).
D'ailleurs, on peut les classer en 3 groupes :
- Les Matières Organiques Vivantes, animale, végétale, fongique et microbienne, qui englobent la totalité de la biomasse en activité (racines, vers de terres, etc.).
- Les débris d’origine végétale (résidus végétaux, exsudats), animale (déjections, cadavres), fongique et microbienne (cadavres, exsudats) appelés «Matières Organiques Fraîches ».
- Les composés organiques stabilisés (« Matières Organiques Stables »), les matières humiques ou humus, provenant de l’évolution des matières précédentes.
Définition : le terme matière organique (M.O) regroupe l’ensemble des constituants organiques morts ou vivants, d’origine végétale, animale ou microbienne, transformés ou non, présent dans le sol.
2-Où trouver cette matière organique ?
Excellente question !
En règle générale, celles que l'on va apporter au potager auront deux origines :
- L'extérieur de la maison — feuilles déchiquetées, fumier composté, turricules de vers, tonnes de gazon, débris végétaux, écorces broyées, arbres et branchages — sont tous des exemples de matières organiques utilisables au potager.
- L'intérieur de la maison — le papier déchiqueté, les rouleaux d'essuie-tout, les restes d'aliments d'origine végétale, le marc de café sont également de bons candidats.
Bien que vous puissiez ajouter ces éléments directement à votre sol, il est préférable de les stocker dans un tas ou un bac et de les laisser se décomposer durant quelques mois.
Ensuite, une fois que tous ces éléments se seront décomposés jusqu'à devenir méconnaissables, vous pourrez les ajouter à la terre de votre potager.
Ce processus est l'essence même du compostage.
Pour faire rapidement et facilement un compost de qualité :
3-Pourquoi l'ajout de M.O est si efficace ?
Bah oui, c'est vrai ça. Pourquoi c'est aussi efficace, mon brave Lucas ?
Je vais vous le dire.
Car la matière organique sert de support à tout un réseau d'organismes vivants (bactéries, champignons, lombric et autre invertébrés).
Et donc ?
Et donc, ce sont ces mêmes organismes qui décomposent la M.O en fines particules et sécrète des substances organiques surnommées les "colles du sol" (par exemple, la glomaline).
Quels effets sur un sol argileux ?
Ah les sols argileux. Lourd et plein d'eau. Le cauchemar de tous les débutants.
Dans ce cas, l'ajout de matières organiques va avoir pour effet de l'aérer. Le rendre beaucoup moins dense.
Le résultat ?
De nouveaux espaces où l'air et l'eau peuvent circuler. Des racines qui peuvent s'étendre et "respirer" davantage.
Par exemple, l'ajout de matière organique peut rendre un sol argileux lourd beaucoup plus drainant, plus facile à creuser ou encore moins dur ou collant.
Et sur un sol sableux ?
Dans ce cas, les grosses particules sableuses vont cohabiter avec des particules plus petites et plus collantes (via la glomaline, par exemple).
Cela va considérablement réduire l’espace disponible entre ces mêmes particules.
Le résultat ?
Un sol plus dense. Une plus grande capacité de rétention de l’eau et des nutriments qui, autrement, ruissèlerait à travers avant même d’être utilisée par les plantes.
Cela peut également aider les sols sablonneux à mieux se tenir et à retenir davantage d'humidité et de nutriments.
Étape 3 : L' histoire sans fin
Il est important de garder à l’esprit que si l’ajout de matières organiques (M.O) est essentiel à la santé de votre sol, il ne s’agit pas d’un élément qu'on ajoute une fois et que l’on oublie ensuite.
Non, il va falloir chercher à en ajouter continuellement.
Chaque année. Encore et encore.
Une fois que la matière organique est ajoutée à la surface du sol, vous pouvez soit la laisser en surface (et éventuellement la recouvrir d'un paillage), soit l'incorporer très légèrement dans les 5 premiers cm du sol.
L’armée d’organismes microscopiques, d’arthropodes et de lombrics de Mère Nature se chargera de la décomposer et de la faire pénétrer plus profondément dans le sol, là où elle est le plus utile.
3 astuces pour ajouter régulièrement des M.O
Conclusion
Voilà, je vous ai donné la méthode complète pour améliorer le sol de votre jardin. Et cela, peu importe son état initial.
Cette méthode est simple et peut être mise-en place dès aujourd’hui.
Surtout, ne négligez pas la seconde étape et faites dès que possible une analyse de sol pour connaitre rapidement les problèmes à résoudre.
Enfin, garder à l'esprit que l'amélioration d'un sol n'est pas une solution ponctuel, mais plutôt un processus. Alors, continuez de l'améliorer et le nourrir au fil du temps
Vous avez toutes les cartes en main pour transformer un sol ingrat en véritable machine à produire de savoureux fruits et légumes. Alors. Passez à l’action. Maintenant !
Hop, hop, hop ! Ne partez pas comme ça !
Quels sont vos principaux problèmes avec votre sol ? Est-ce que cet article vous a aidé à en résoudre certains ?
Dites-moi tout en commentaire (je les lis tous).
Enfin, si vous pensez que cet article peut aider d'autres jardiniers proches de vous, partagez-le sur les réseaux sociaux.